Lycée Bossuet - PrépaSup

Colloque 2020 : Une année Edmond Michelet

Publié le vendredi 13 novembre 2020

Le Colloque du cinquantenaire de la disparition d’Edmond Michelet organisé par l’association La Fraternité Edmond Michelet avec le soutien du musée Michelet, les 16 et 17 octobre derniers, a permis aux enseignants et personnels de notre Ensemble Scolaire de découvrir plus encore celui qui lui a donné son nom.

Ces deux journées riches de conférences et d’échanges - formels et informels - ont permis à chacun de mieux mesurer l’homme qu’il était et ce qu’il nous a laissé.

Les élèves de 1ère et de Terminale de l’atelier « Art du discours » de PrépaSup de notre Ensemble Scolaire, vous proposent ici un retour sur ce colloque. Ils ont rencontré et interviewé de nombreuses personnalités et vous invitent à découvrir, ci-dessous, les articles et les reportages vidéos, fruits de leur travail.

Bonne lecture à chacun !


Enquête

Le Colloque Edmond Michelet : Un pari réussi !

Paroles de : Lucie Boyer, co-organisatrice et responsable du musée Edmond Michelet, Thierry Pradel, Directeur du musée Edmond Michelet.
Par Bathilde De Azevedo et Emma Roda

Le colloque Edmond Michelet a été organisé ce mois d’octobre afin de commémorer deux anniversaires importants : à la fois le 80ème anniversaire de l’édition du tracte qui a permis à Edmond Michelet de rentrer en résistance, mais également le 50ème anniversaire de sa disparition en 1970. Plusieurs historiens et autres intervenants ont été conviés afin de parler de ce personnage qui a marqué l’histoire. Retour sur l’organisation d’un colloque au temps de la Covid19.

Toutes les difficultés de l’organisation d’un colloque…

Quel défi d’organiser un colloque d’une telle ampleur par les temps qui courent ! C’est grâce au comité scientifique autour d’Olivier Herbinet et Nicole Lemaître, en concertation avec le musée Edmond Michelet, que les invités ont pu être présents sur 16 et 17 octobre. La présence d’intervenants de qualité s’explique également par le réseau constitué par le centre Edmond Michelet ainsi que la fraternité après déjà trente-huit colloques d’organisés.
Ce matin-là, Lucie Boyer, co-organisatrice et responsable du musée Edmond Michelet, accueille les personnalités sur le parvis de la Chambre du Commerce et de l’Industrie et propose le programme du colloque aux premiers brivistes qui entrent dans la salle de conférence. Parmi eux se trouvent des passionnés, des curieux, des professeurs de l’ensemble scolaire Edmond Michelet et quelques élèves. « On est vraiment dans une démarche de transmission de toutes les valeurs que portait Edmond Michelet, explique Lucie Boyer en revenant sur le devoir de mémoire. Le but est que ce soit vu par le plus grand nombre de jeunes pour qu’ils puissent le transmettre à leur tour aux générations futures ».
Un peu plus tard,alors que se termine la première matinée de conférence, les réactions du public sont assez positives. Lucienne, une senior, confie : « Je connaissais beaucoup de choses mais j’en ai appris de nouvelles grâce à des personnes qui ont étudié les archives en profondeur ». En revanche, Johanna, jeune adulte, plus novice en la manière, relativise : « Les experts sont entrés très vite dans le vif du sujet en oubliant qu’une partie du public ne connaissait pas précisément Edmond Michelet ».

…en pleine crise sanitaire.

Depuis le printemps dernier, l’organisation du colloque a été particulièrement délicate en raison de la Covid19, sur le plan matériel (gestion des trajets, des hôtels et des repas) mais aussi humain. Beaucoup d’appréhension a pu être ressentie par les organisateurs : « On s’inquiétait de savoir si le colloque allait se maintenir ou pas donc jusqu’au dernier moment c’était un peu flou », note Lucie Boyer. En effet, alors que la foire du livre de Brive a été annulée, c’est grâce à la facilité de la mise en place des mesures sanitaires et au statut d’association des différents organismes organisateurs que l’accord des collectivités territoriales a été donné pour le colloque.
Le public est, lui aussi, bien présent malgré l’inquiétude générale. « Je n’étais pas tout à fait sereine en venant, mais maintenant, je n’y pense plus », affirme ainsi la jeune Johanna. Étonnamment, ce sont les personnes les plus à risque, qui ne montrent aucune crainte : « Je prends les précautions nécessaires mais je ne panique pas avec ces contraintes sanitaires, je fais avec ! explique Lucienne. Cela ne m’a pas empêché de venir, au contraire ! Je pensais qu’il y aurait presque personne mais là, je vois la foule et c’est très bien !  », conclut-elle en se rasseyant pour la suite des conférences.


Témoignages

Pourquoi Edmond Michelet fascine-t-il autant ?

Paroles de : Laurent Soutenet, David Marmonier, Olivier Herbinet
Par Guillemette Journée et Léna Froidefond

Laurent Soutenet, David Marmonier, Olivier Herbinet : tous trois ont fait un travail de recherches sur la personnalité, le parcours ou l’œuvre d’Edmond Michelet, et tous ont reconnu en lui plus encore qu’une figure historique, un modèle.

Un exemple de résilience

Edmond Michelet représente une « figure idéale », selon le président de la Fraternité Edmond Michelet, Laurent Soutenet. En effet, il peut être considéré comme un personnage « exigeant » qui aspire à avoir foi en l’humanité malgré sa terrible expérience concentrationnaire. Il aurait pu se laisser submerger par les atrocités qu’il a connues mais reste optimiste. Bien qu’il ait fait face à « la cruauté, la barbarie, la sauvagerie inouïe », il incite à «  garder l’espoir » comme l’affirme l’expert. Il est considéré tel « un professeur d’énergie », une source de « lumière » , remarquable par sa capacité à « lever la tête » grâce à sa force de caractère hors pair. Ainsi, Laurent Soutenet conclut qu’Edmond Michelet « a vu le mal mais ce qu’il a vu de bien a dominé ce qu’il a vu de mal  ».

Un patrimoine spirituel

Par ailleurs, Edmond Michelet fait preuve d’engagement et d’investissement. Sa vie est guidée par la foi : c’est un « chrétien assumé », déclare David Marmonier. D’une part, il se dévoue entièrement aux autres en faisant preuve d’une épatante « disponibilité » : il vient en aide du mieux qu’il peut. En cela, c’est un modèle inspirant et universel : « On peut tout à fait se reconnaître en lui, dans sa façon de faire vivre ses croyances même si soi-même on n’est pas chrétien », confie ainsi l’expert. D’autre part, c’est un « militant » très engagé. Il nous apprend à « garder la dimension humaine des choses mais surtout de ne jamais l’oublier », ajoute Laurent Soutenet. En effet, « il est plus facile d’être un saint dans un monastère que quand on est ministre !  » souligne-t-il.

Au fil des lettres…

Le travail de recherche effectué pour leurs présentations respectives est un « exercice très difficile », d’après le président de la Fraternité Edmond Michelet. « Les lectures, les témoignages » et notamment « les correspondances », puisées au centre Michelet sont la source de leurs recherches. La première étape est de transcrire ces lettres pour faciliter la lecture, ensuite de les relire et les indexer c’est-à-dire « prendre des thèmes et chercher les occurrences de chacun », enfin, faire des fiches et les mettre en ordre. En effet, « si l’on veut connaître quelqu’un notamment dans ses relations amicales il faut aller mettre le nez dans les lettres que les amis se sont écrites », indique David Marmonier. Il s’agit donc d’un travail fastidieux qui s’est étalé sur plusieurs semaines, voire plusieurs mois, pour finalement être présentés à Brive ce jour-là.

Témoignage

Olivier Herbinet, modérateur, co-organisateur du colloque revient sur sa fascination pour cet homme qui a fait l’objet de sa thèse universitaire.

Propos recueillis par Charlotte Maisonneuve et Luna Claux

_ « J’ai vu, il y a une dizaine d’années, un reportage consacré à Edmond Michelet et j’ai trouvé que le personnage était très romanesque, qu’il avait une personnalité très riche et une existence très intense. Pendant dix ans de recherches, de travail et d’interventions à son sujet, je n’ai cessé d’être impressionné par le modèle du père de famille, de l’époux, et du chrétien, bien sûr. C’était un homme très jovial, un peu brouillon, pas très procédurier, cela me plaisait parce que je pense qu’inévitablement quand on fait de la recherche, au départ, il y a une sorte de coup de cœur qui se fait. Je ne dis pas que je me suis identifié à Michelet, mais sa personnalité, sa psychologie, ses comportements que je pouvais découvrir au travers de ce qu’il écrivait, me renvoyaient au type d’homme qui me plaisait. Le fait que c’était aussi un bon vivant, quelqu’un qui avait vraiment le souci des autres, qui avait un vrai sens de l’amitié, en fait un modèle pour nous tous ».


Interview

En quoi la foi chrétienne teintée de liberté d’Edmond Michelet l’a-t-elle guidé ?

Paroles de : M. L’Abbé Nicolas Risso, Vicaire général.
Par Maya Nauche et Zohra El Hachimi

La foi chrétienne d’Edmond Michelet a-t-elle porté son action politique et militante ?

Je pense qu’Edmond Michelet fait partie de ces hommes qui a pris au sérieux la parole du Christ : « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimé ». Il n’échappera à personne que le substrat essentiel de cette phrase est « les autres » et quand vous avez la foi, quand vous êtes disciple du Christ, quand vous essayez de suivre l’évangile, ce n’est pas simplement pour vous mais pour construire une communauté humaine à l’aune de cette même foi. Cela oblige, cela engage et peut-être que cela peut dessiner ce que veut dire l’action politique elle-même parce que, qu’est ce que la politique, si ce n’est que de prendre soin du bien commun ?

Où en est le procès de béatification d’Edmond Michelet et comment cela se passe-t-il ?

Vous avez bien employé le bon mot, il s’agit d’un procès et qui dit procès dit instruction. La première phase a été passée depuis trois ans maintenant, c’est-à-dire l’enquête historique : on rassemble tous les éléments de la vie d’un homme jusque dans son intimité. L’ensemble de ces documents sont ensuite regroupés et servent à faire une phase diocésaine : l’évêque de Tulle, en l’occurrence, rend un jugement et il dit que cette cause mérite d’être portée à la communauté, c’est-à-dire à Rome.
A Rome, le dossier est déposé à la congrégation pour les évêques et une personne qui n’a pas fait partie de la première équipe va prendre en compte l’histoire du personnage et va essayer d’en déterminer les axes principaux au regard des vertus évangéliques que sont la prudence, l’intelligence, l’espérance, la tempérance. Une fois qu’on aura fait cela, la congrégation instruira un procès documentaire et à l’issu de ce procès,elle votera et décidera si oui ou non Edmond Michelet est recevable au banc des bienheureux. Mais entre-temps, il faudra qu’on ait un témoignage d’une grâce surnaturelle, par exemple qu’il ait guéri quelqu’un ou qu’une personne ait obtenu une grâce décisive, déterminante et constante qui permettra de montrer l’intervention du saint au cœur de la vie des hommes. Cela veut dire que le bien qu’il a fait sur Terre ne s’arrête pas avec sa mort et que, du ciel, il continue à faire du bien.

Pourquoi, d’après vous, l’auteur chrétien Charles Péguy l’a-t-il autant influencé ?

Charles Péguy est un homme profondément libre, c’est un poète, c’est un homme qui est à la fois pétri de traditions chrétiennes au sens presque historique du terme : il aime la cathédrale de Chartres, il parle des vitraux, il parle de la flèche…Mais c’est surtout un homme qui donne au christianisme une interprétation sociale et qui lui fait découvrir que, justement, la foi est un chemin de vie. Il essaie de l’interpréter, de la dire dans des mots poétiques qui sont des mots qui vont parler au cœur et à l’âme. C’est aussi un homme ayant un nationalisme fort en France. Péguy va avoir une exaltation de la nation française qui finalement ne devient pas une exaltation nationaliste mais plutôt lyrique et obligeant la France si elle prétend être une nation importante au regard du monde, d’avoir une responsabilité éthique, morale et politique pour l’ensemble du monde. Je pense que c’est ce qui plaisait à Edmond Michelet.


Témoignage

Le regard d’un proche sur l’œuvre d’une vie

Paroles de Dominique Michelet
Par Maya Nauche et Zohra El Hachimi

Edmond Michelet écrit Rue de la liberté de sa déportation jusqu’à sa libération du camp de Dachau en 1945. Lors de ce colloque, Dominique Michelet, directeur de recherche émérite au CNRS mais aussi - et surtout - petit fils de cette figure emblématique, est venu présenter ce livre à l’aide d’images et d’extraits de sept dossiers d’archives. Quel est son regard personnel sur l’œuvre de son grand-père ?

Dominique Michelet confie qu’il n’a lu Rue de la Liberté non pas à sa sortie mais que bien plus tard. Lorsque le comité du colloque l’a d’ailleurs contacté pour parler de ce livre il y a quelques mois, il n’avait « pas du tout idée de la quantité d’archives qu’il y avait », affirme-t-il. C’est seulement à partir de là, qu’il a creusé, fouillé, et a découvert énormément d’informations sur l’élaboration du livre, l’histoire de ce témoignage hors du commun. Bien que son intervention ait été très riche et applaudie, Dominique Michelet avoue ne pas être arrivé au bout de ce travail colossal : « il faut absolument que de jeunes chercheurs que l’Histoire intéresse fassent des masters sur ces différents éléments que l’on trouve dans ces archives » en plus des connaissances que les vrais historiens, « ce que je ne suis pas » ajoute-t-il sur un ton léger, ont déjà apporté.

Malgré son célèbre penchant politique et militant, une fois dans la sphère privée,Edmond Michelet ne parlait que très peu de ses aventures et mésaventures. Certes, il affirmait souvent que le temps qu’il avait n’était que « du rab », dévoile Dominique Michelet, comme du temps gagné quand tant de fois il aurait pu partir. Mais à part cette expression lourde de sens, il ne faisait pas allusion à ses pires expériences. Par contre, il se réjouissait de parler de l’actualité avec son petit-fils alors universitaire : « Lorsque j’étais étudiant à Paris, j’étais souvent avec lui car c’était mon correspondant et il me demandait : alors, dans ton lycée, tu arrives à t’entendre avec les maoïstes ? ». En effet, alors que se déroulait de 1955 à 1975 la guerre du Vietnam, Edmond Michelet, féru d’actualité, souhaitait savoir comment l’interprétaient les jeunes. Jamais il n’a cessé de s’intéresser au monde autour de lui, au grand Monde, et au petit monde qui s’agitait autour de lui lors ces réunions de famille durant lesquelles il était un « grand-père gâteau » avec ses petits-enfants, se souvient, non sans émotion, Dominique Michelet.

Ce qu’en dit Olivier Herbinet, modérateur :

_ « J’ai trouvé l’intervention de Dominique Michelet stratosphérique, surréaliste, très intéressante ! Il a fait un travail de préhistorien, comme il dit, qui était vraiment remarquable en partant de l’intérieur du document, et de ce qu’on appelle la micro histoire, c’est-à-dire, vraiment l’histoire poussiéreuse, la plus petite en partant du détail pour essayer de comprendre le général ».

Portrait

Une vie dans les pas d’Edmond Michelet

Paroles de François David
Par Vlad-Adrian Deyzac

Près de deux ans après son départ à la retraite, François David n’a rien oublié ni de son rôle de chef d’établissement ni de l’un de ses modèles dont son ensemble scolaire porte toujours le nom : Edmond Michelet.

Ce nom a été choisi lors de la fusion de trois établissements (Notre-Dame, Jeanne d’Arc, Bossuet) il y a une vingtaine d’années : « il fallait finaliser cette fusion par un nom commun mais NDJABO, cela n’était pas très beau, ironise l’ancien directeur, François David. Nous avons eu l’idée, et je remercie la communauté éducative de m’avoir suivi, de lancer un vote pour savoir quel nom nous pouvions donner, et trois noms ont alors émergé : Edmond Michelet, le Père Ceyrac et la Trinité. Le vote ayant finalement donné Edmond Michelet, notre ensemble scolaire a adopté son nom ».

Ancien directeur du centre d’étude Edmond Michelet, auteur de l’ouvrage Visages de la Résistance en Pays de Brive, tout au long de sa carrière, François David a été guidé par la figure d’Edmond Michelet. « C’est un homme qui ne vous laisse pas indifférent », affirme-t-il. Plus l’historien s’est intéressé à Edmond Michelet, plus sa figure l’a interpellé : « Un peu de Michelet peut éloigner de Michelet mais beaucoup de Michelet rapproche de Michelet », assure-t-il en s’en amusant. Cette figure a ainsi guidé son rôle de chef d’établissement : « C’était un homme de rassemblement, un homme qui ne regardait pas les personnes en fonction de ce qu’elles pensaient, un homme qui était capable de parler à des gens d’opinions différentes. Il m’a donc semblé que l’école était aussi un lieu où l’on devait accueillir tout élève, d’où qu’il vienne, quel que soit son niveau scolaire, quel que soit son milieu social. Et c’est en cela, je crois, que la personne d’Edmond Michelet marque le projet éducatif de notre école ».

Professeur d’Histoire, François David a tenté de transmettre le message d’Edmond Michelet aux jeunes générations car « le chrétien qu’il était, l’homme politique qu’il était et le père et grand-père qu’il était, était aussi un éducateur ». Le Commissaire général de la Foire du livre de Brive cite ainsi une phrase de Charles Péguy, entendue lors du colloque, qui résume selon lui «  l’éducateur » Edmond Michelet : « Demander la victoire et ne pas avoir envie de se battre, je trouve que c’est mal élevé  », formule qu’il assure avoir lui-même utilisé auprès de ses élèves.

Enfin, François David conclut en rappelant, alors que nous commémorons le 50ème anniversaire de sa disparition, qu’Edmond Michelet « reste parfaitement d’actualité » car à travers lui, «  le message chrétien s’incarne dans des Hommes ».


Rencontre

La voix de la mémoire

Paroles de : Rosette Rigon-Gouffault
Par Luna Claux et Charlotte Maisonneuve

Dans l’assistance du colloque Edmond Michelet organisé à Brive-la-Gaillarde le 16 octobre dernier, se trouve Rosette Rigon-Gouffault, fille de Roger Gouffault, déporté. Après nous être entretenus avec elle, nous revenons, avec d’autres élèves, sur l’histoire de son père, étroitement liée à celle d’Edmond Michelet.

Durant la Seconde Guerre mondiale, de nombreux résistants brivistes ont été arrêtes par la Gestapo et déportés dans des camps de concentration. Le père de Rosette a été emmené dans le camp de Mauthausen en Autriche où il a passé 3 années de sa vie. Si de nombreux déportés n’ont jamais réussi à parler de ce qu’il leur était arrivé, ce n’est pas le cas de Roger Gouffault. Il a d’abord transmis son histoire à sa fille, qu’il a emmené dès l’âge de 8 ans à Mauthausen. Par la suite, il est devenu Président du conseil des déportés et est intervenu dans la France entière pour assurer un devoir de mémoire.
A sa mort, sa fille qui le suivait déjà depuis un long moment lors de ses interventions, a pris sa relève. En effet, Rosette intervient encore aujourd’hui dans des écoles, des collèges et des lycées pour raconter l’histoire de son père et des déportés aux nouvelles générations. Les jeunes participent ainsi à des voyages commémoratifs dont ils gardent une forte impression, comme ces élèves de première et terminale de l’ensemble scolaire Edmond Michelet.

Zohra : « C’est un devoir de mémoire qui est essentiel, et le fait de se rendre sur les lieux des atrocités permet de vraiment se rendre compte de ce qu’il a pu s’y passé. Selon moi, si les camps existent toujours, c’est pour montrer aux nouvelles générations ce qu’il ne faut pas reproduire. »

Joshua :« Cela m’a permis de saisir l’horreur nazie, ce qui s’y est déroulé, les archives. Nous avons également eu la chance d’avoir des conférenciers eux-mêmes déportés. Pour la vie personnelle, cela est une prise de conscience, un acte de sensibilisation. On est clairement frappé de pleins fouet par l’horreur, c’est une expérience difficilement oubliable. »

Emma et Bathilde :« Le fait de se rendre sur les lieux que nous étudions en cours, rend les choses d’autant plus réelles et permet donc, une prise de conscience. C’est plus intense. Le fait que ce soit des enfants de déportés qui nous amènent sur les lieux est particulièrement émouvant. Ils nous communiquent ce qu’ils ont pu vivre au travers de ce que leurs parents déportés ont eux-mêmes vécu. »

Edmond Michelet et Roger Gouffault sont tous deux des hommes qui ont souhaité partager leurs histoires pour mettre en avant l’élan de solidarité et de fraternité qu’il y a eu lors de cette période obscure.Les divergences d’opinions, de croyances et de cultures n’étaient pas un problème dans les camps pour les déportés. Chaque vie comptait.C’est une philosophie que Rosette partage encore aujourd’hui, car comme elle aime le dire : « il n’y qu’une seule race, la race Humaine  ».


Enquête

Une école fière de son nom

Un établissement à l’image d’Edmond Michelet
Paroles de Thomas Hurel, Chef d’établissement, et de membres de la communauté éducative
Par Émilie Brancourt et Maïa Peyre

Le 16 et 17 octobre 2020 a eu lieu à la Chambre du Commerce et de l’Industrie de Brive-la-Gaillarde un colloque en commémoration du cinquantenaire de la disparition d’Edmond Michelet. A cette occasion, était convié l’ensemble de la communauté scolaire Edmond-Michelet. Directeur et enseignants reviennent sur leur rapport avec la figure emblématique briviste.

Thomas Hurel, Chef d’établissement de notre Ensemble Scolaire

Une figure d’engagement

Suite aux multiples témoignages des experts sur l’engagement politique, militaire et religieux d’Edmond Michelet, le personnel éducatif est unanime : l’engagement de cet homme polyvalent est un modèle de valeur. « J’admire sa capacité de résilience », confie Cécile De Pierrepont, professeure d’espagnol. Par ailleurs, c’est l’unicité de son engagement qui « marque considérablement les esprits », en effet « c’est vraiment cette personne-là qui a touché, qui a marqué et qui est très appréciée » déclare le chef d’établissement, Thomas Hurel. De plus, son engagement altruiste est source d’inspiration pour cette communauté : « ce qui m’inspire chez Edmond Michelet, c’est sa capacité à se mettre au service des autres,affirme Sylvie Pierre, enseignante en maternelle. Il est capable de faire abstraction de lui-même ».

Un modèle de désobéissance

Les déclarations des différents intervenants nous révèlent un Edmond Michelet insoumis, c’est un peu le « corolaire de la désobéissance », affirme ainsi Séverine Daunac, professeure d’histoire géographie. Il représente un modèle de désobéissance « au service de l’Homme avec un grand H », complète Christine Chambon-David, également professeure d’histoire géographie. « J’admire le résistant qu’il était », note la professeure d’espagnol pour qui son dévouement en faveur de la liberté reste inspirant au quotidien. Au-delà de son désir de désobéissance, il s’engage « pour des valeurs de liberté et pour préserver la démocratie », principes indispensables selon Séverine Daunac.

Un lien avec la période actuelle

Il est, aujourd’hui plus que jamais, essentiel de prendre soin les uns des autres en suivant la trajectoire d’Edmond Michelet. En effet, son intarissable générosité « nous parle beaucoup actuellement », rappelle Sylvie Pierre. Le parcours de vie d’Edmond Michelet est un modèle intemporel dont on peut tirer un enseignement « individuel et collectif », effectivement : « il a traversé des temps troublés, des temps difficiles, et rien ne garantit que notre siècle ne connaisse pas des temps troublés et difficiles !  »,rappelle le chef d’établissement.

Cette école s’inspire de cet homme de foi, de « sa complexité et de ses particularités », autant qu’elle se nourrit de ses expériences et de son « bagage culturel et intellectuel  ». Ainsi, « pour une école catholique, porter le nom d’une grande figure comme lui, cela élève le regard », conclut Thomas Hurel.

Interview : Thomas Hurel, Chef d’établissement de notre Ensemble Scolaire


Reportage vidéo : Les Brivistes et Edmond Michelet

Élaboré par Baptiste Badefort et Elisa Wolff, sur la connaissance qu’ont les Brivistes d’Edmond Michelet et sur l’empreinte qu’il laisse dans notre cité.


Reportage vidéo : Dans les coulisses de la préparation de ce dossier

Les élèves vous proposent de les suivre dans les coulisses du module "Art du discours" et de la création de ce dossier sur le Colloque Michelet, en vidéo ci-dessous.

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